lundi 28 décembre 2009

Un problème de couette

Entre deux bouchées et parmi les vestiges de papiers cadeau, laissez moi vous dire deux mots : joyeux noël ! Et avant de m'extasier sur les succulences de circonstance, je m'en vais vous conter un petit épisode de la vie à deux, qui pourrait bien vous sembler familier.

Avant d'arriver à Londres, j'étais un peu sceptique sur mon adéquation/adaptation avec cette ville. Je me la figurais grise, tentaculaire, un peu hostile, un peu revêche. Pourtant, l'interculturel, j'ai déjà donné ; mais c'est justement cette apparente proximité qui me laissait perplexe.

Entre Londres et Paris, une foultitude de petits détails font la différence, certains plus dangereux que d'autres : les pounds, les grands sourires des vendeurs dans les magasins, les fenêtres à guillotines, les voitures dans le mauvais sens, les robinets sans mitigeurs ...

Différente aussi, la dimension des matelas.
Et c'est précisément là que je voulais en arriver. Car de là vient le souci. Les matelas anglais, semble-t-il, sont immenses, king size style. Est-ce pour s'adapter aux rêves royaux habités de carrosses géants et de rivières de diamants (de de chapeaux seyants), est-ce parce qu'il fait si sombre qu'on veut oublier en dormant, est-ce simplement parce que les anglais adorent être différents ?
Toujours est-il que ces lits démesurés me posent un problème fondamental, qui risque fort de compromettre toute mon harmonie conjuguale.
Voyez-vous, le concept du lit, c'est très simple : un matelas, une couette, aux dimensions M et C.

Usuellement, M est bien plus petit que C, garantissant ainsi de douces nuits, chacun bien lové dans l'épaisseur ouatée. Il faut tout de même mentionner que certains incidents peuvent perturber l'équilibre de cette configuration, notamment lorsque l'homme a froid, et mobilise la technique bien éprouvée dite du maki.

La technique du maki est très simple : l'homme, profitant d'un instant d'inattention nocturne de l'autre occupant du lit, s'approprie la couette en s'y enveloppant totalement, tel un morceau de concombre mariné, en partant du bord, la stratégie consiste alors à bien tirer afin de faire adhérer parfaitement son épiderme à la feuille de nori (la couette, donc). Conséquemment, le second corps présent sur le matelas (le cookie, donc) se retrouve hors jeu, exposé aux morsures gelées de la nuit.
Si vous connaissez ce genre de difficultés, ne pas hésiter à feindre un cauchemar apocalyptique afin de réveiller le concombre et, très promptement, récupérer votre dû.

Cette situation est néanmoins rare, et nous coulions jusqu'ici des nuits douces et paisibles.
Or, depuis notre installation dans notre sweet home, M > C. Le matelas géant dépasse de tous les côtés et, rien à faire, la couette reste liliputienne. Conséquence : perdu dans cette immensité, les deux corps en phase de sommeil profond semblent éprouver un irrépressible besoin de tirer sur cette pauvre couette, qui n'a rien demandé à personne, elle. Comme s'il fallait qu'elle joigne parfaitement son bout de lit pour que tout se passe bien. Dormir au milieu (et en namoureux) n'y change rien, c'est mathématique : si M > C, même avec un namoureux fabuleux, vous avez des soucis à vous faire. Nuits après nuits, la même lutte ardente se rejoue, la dissension plane ...

Un seul remède : une autre couette. Ça y est, vous êtes dans de beaux draps, c'était aussi simple que ça. (Merci maman et père Noël)

Et puisque je ne suis pas rancunière (ou que je ne me souvenais pas tellement si c'était moi qui avait gagné ou perdu la couette), j'avais tout de même continué à cuisiner pendant ce temps, comme ces petites mises en bouche fraîches et vives, edaname (exquises fèves de soja), olives noires, cottage cheese, purée d'herbes et cédrat confit.


Et comme il n'était pas rancunier non plus, il m'avait aussi concocté rien que pour moi cette magnifique tarte au chocolat, soufflée, coulante et sensuelle, accompagnée d'une gelée carotte orange. Faîtes moi donc penser à lui demander la recette si elle vous fait de l'œil.


Et sur le thème soirée de fêtes youplaboum, je ne peux que vous conseiller l'oeuf à 65 accompagné de quelques lamelles de truffe, mélanosporum, what else.



Jolie gourmandise également : ce petit entremets au praliné croquant gorgé de noisettes entières, crémeux chocolat noir, sabayon champagne. Point de biscuit nécessaire, on ne garde ici que la plus pure gourmandise, ses saveurs franches et ses délicieuses textures.


En attendant l'année prochaine, je continue de m'extasier devant les présents que je ne crois pas avoir tant mérité, et tente de maîtriser mon nouvel appareil photo ...


une porte

une autre porte

un peu de Patrick Roger

Beaucoup de Patrick Roger

Trop de Patrick Roger ?

mon nouveau chouchou

cédrat corse

cédrat confit 3 jours

myself



***
Edaname, olives, cottage cheese, purée d'herbes et cédrat confit


Pour 2
100 grammes d'edaname (ou autres fèves)
une poignée d'olives noires du jardin
2 cs de cottage cheese
un petit morceau de cédrat confit avec amour
une grosse poignée de coriandre et de menthe
quelques graines de cumin, sel, poivre

Ecraser les herbes au mortier en ajoutant un peu d'huile d'olive, jusqu'à obtenir une belle pâte.


Cuire les fèves de soja et les raffraîchir sous l'eau glacée. Les mélanger avec les olives dénoyautées et grossièrement hachées, assaisoner avec le cumin, sel et poivre.
Disposer dans le récipient choisi une cuillère du mélange fève olives, une cuillère de cottage cheese, un peu de purée d'herbes et deux ou trois morceaux de cédrat confit coupé finement. Réserver au frais.

***
Entremets Crunchy Champagne


Pour 1/2 cadre de 20x20

* Praliné chrunchy

70 Gr couverture noire
160 Gr Praliné
60gr noisettes entières torréfiées, grossièrement concassées

* Crémeux chocolat
150g crème
150g chocolat

* Sabayon champagne
2 jaunes d'œufs,
25 g de sucre,
½ zeste de citron,
70 g de champagne,
2 feuilles de gélatine,
125 gr de crème

* Quelques écorces d'orange et citron confites

Praliné crunchy
Fondre la couverture au bain marie, ajouter le praliné puis les noisettes. couler dans un cadre. Bloquer au froid.

Crémeux chocolat
Porter la crème à ébullition, verser sur la couverture hachée, mélanger, verser sur la couche de praliné.

Mousse sabayon champagne
Blanchir jaunes, sucre et zeste. Verser et mélanger le champagne, fouetter au bain marie jusqu'à ce que le mélange double de volume,
incorporer la gélatine trempée et pressée, puis continuer à fouetter hors feu jusqu'à tiédissement.
Mélanger à la crème fouettée. Couler dans le cadre et laisser prendre au frais.
Avant de servir, ajouter quelques dés d'écorces d'orange et citron.

samedi 12 décembre 2009

Après la pluie - Une assiette de légumes et une glace au riz grillé, gelée d'agrumes et pistaches confites

C'était quand même un peu étrange, il faut bien le dire. De quoi qu'est-ce ? Et bien, il était un peu improbable de ne pas se laisser toucher par l'adversité, le fatum qui revient piquer à répétition. Jusqu'il y a quelques jours, à 15h59 environ, j'étais restée sereine, environ.

A peu près zen lorsque mon macbook me plante. Car il me plante avec extension de garantie, et c'est déjà 788 £ d'économisé.
Plutôt cool lorsque l'autre mini macbook meurt à moitié trois jours plus tard, agonisant dans ses paramètres du 1er janvier 1970.
Carrément flegmatique quand la bronchite m'arrache la trachée.
Considérablement pondérée tandis que la conjonctivite s'attaque à à mon oeil gauche.
Résignée lorsque je constate une attaque allergique sur mes blanches mains.

Mais, plus que l'accumulation de ces incidents, la goutte d'eau a été, précisément, l'accumulation de ces gouttes d'eau qui déversent sur la ville leur grisaille suintante. Oui, nous sommes bien à Londres, pas de doute là-dessus. Il fait gris sombre, sans compter cette obscurité absolue qui pointe dès 16h02.

Vous me direz qu'à Paris c'est pareil et qu'il y fait nuit à peine une heure plus tard. Sauf que non, c'est pas pareil ; une heure de plus, ça veut dire qu'à 16h30 il fait encore jour. 16h30, comme l'heure du goûter. Et je n'aime pas prendre mon goûter quand il fait nuit.

Après avoir pesté, trépigné et maudit tout le Royaume Uni, tellement fidèle à ses clichés, j'ai
demandé aux autorités compétentes qu'il fasse beau. Et jour la nuit.
Je n'ai pas exaucée pour le jour, mais il a fait beau, comme par enchantement. Sans doute parce que c'était mon anniversaire.


Les rayons sont repartis, mais le moral reste au beau fixe. Car après tout, mes cartons sont arrivés, mon mémoire a été soutenu (et le fait d'avoir discuté de la mesure de la température du sucre au doigt pendant la soutenance est une belle réussite en soi, isn't it ?), c'est bientôt Noël, et Londres est formidable.

***


Pas de recette de mince pies ni de christmas pudding, juste une belle assiette de légumes, servie quand vous-savez-peut-être-qui est venu dîner à la maison. Toujours lors de ce fameux dîner, j'avais concocté pour le dessert une glace au riz grillé (inspiré de la recette de Fumiko), avec une gelée d'agrumes et quelques pistaches confites. Malheureusement, les photos sont exécrables, mais faîtes moi confiance sur ce coup.

***
Assiette de légumes, speck, semoule de choux fleur




Pour 4 personnes
mini poireaux, mini pak choy, mini asperges, mini fenouils, tomates cerises
1/2 butternut
1 grosse cs de moutarde forte de Dijon
4 tranches de Speck
choux fleur
citron
quelques copeaux de Pecorino di fossa (un pecorino mûri en fosses comme son nom l'indique, très puissant, aux saveurs terreuses presques truffées)

Éplucher le butternut (avec un rasoir à légumes) et tailler quelques fines tranches dans la partie supérieure à l'aide d'une mandoline. Les placer dans un récipient d'eau froide. Cuire le reste du butternut (au four ou à l'eau) puis mixer en ajoutant de l'eau pour obtenir une texture fluide mais non liquide. Ajouter la moutarde, saler, poivrer et réserver.
Blanchir les pak choy, asperges et fenouils séparément et les rafraîchir sous l'eau froide. Monder les tomates. Faire griller les mini poireaux au four, ils doivent commencer à noircir légèrement. Réserver le tout.
Faire griller le speck au four une dizaine de minutes à 180°, éteindre le four et y laisser les tranches.
Râper le choux fleur à la microplane et mélanger avec le zeste d'un 1/2 citron (également à la microplane, si possible).

Au moment du service, faire chauffer le butternut et faire revenir les légumes dans une cuillère d'huile d'olive. Répartir une grosse cuillère de butternut dans le fond des assiettes, dresser les légumes en créant du relief, ajouter la tranche de Speck grillée et saupoudrer d'un peu de semoule de choux fleur. Ajouter quelques copeaux de pecorino di fossa et servir.


***
Glace au riz grillé, gelée d'agrumes, pistaches confites


Glace au riz grillé
50g de riz Basmati
60g de miel
15g de sucre
50cL de lait

Faire griller le riz à sec dans une poêle. Les grains doivent légèrement colorer et dégager une odeur de céréales au riz soufflé (type Smacks, remember ?).
Faire cuire le riz dans 30cL d'eau, une vingtaine de minutes, jusqu'à ce qu'il soit tendre. Ajouter le sucre, le miel et les 2/3 du lait. Mixer jusqu'à obtention d'une préparation homogène en ajoutant le lait restant au fur et à mesure. Réserver au frais et turbiner peu avant de servir.

Gelée agrumes
1 citron
1 citron vert
1 orange
50cL d'eau
125g de sucre
3 feuilles de gélatine (6gr)

Préparer un sirop avec l’eau et le sucre.
Emincer régulièrement les agrumes et placer les rondelles dans un grand saladier. Porter le sirop à ébullition et verser sur les agrumes. Recouvrir d’un film et laisser macérer à température ambiante pendant 24 heures.
Récupérer les rondelles d'agrumes. (Je les fais confire et les garde pour d'autre s douceurs)
Passer le sirop au chinois. Prélever une petite partie du sirop, chauffer et y dissoudre la gélatine préalablement ramollie dans de l’eau glacée. Mélanger au reste du sirop.
Laisser figer au frais.

Au moment de servir, mélanger la gelée au fouet, répartir une belle cuillère au fond des récipients, ajouter une quenelle de glace et quelques pistaches confites.